Il y a un peu plus d’un mois, nos vies ici au Canada ont commencé à prendre un aspect très différent. En très peu de temps, nous sommes passés du confort de la prévisibilité de la vie quotidienne à la nécessité de vivre dans un certain degré d’isolement afin de ralentir la propagation d’un virus et de protéger la santé d’autres personnes dont le système immunitaire est vulnérable. Mais il existe une autre forme de vulnérabilité dans cette crise sanitaire mondiale qui ne reçoit pas l’attention ou le soutien qu’elle mérite.
Pour de nombreux Canadiens chanceux, les pressions et le stress liés à l’insécurité d’emploi, aux difficultés financières et à l’itinérance ne sont pas au premier plan de leurs préoccupations quotidiennes. Malheureusement, pour les jeunes qui ont quitté le système de protection de l’enfance et qui n’ont pas de famille permanente sur laquelle compter, ces situations font souvent partie de leur réalité, même dans les meilleurs moments. Ajoutez à cela une pandémie mondiale et une distanciation sociale, et vous obtenez un groupe de jeunes extrêmement vulnérables qui luttent pour que leurs besoins fondamentaux en matière de nourriture et de logement stable soient satisfaits.
À la Fondation pour l’aide à l’enfance du Canada, notre objectif est d’améliorer la vie des enfants et des jeunes impliqués dans le système de protection de l’enfance de notre pays. Nous avons la chance de pouvoir compter sur l’incroyable soutien de nos nombreux donateurs et partenaires pour y parvenir, mais dès le début de la crise du COVID-19, nous avons donné la priorité aux jeunes qui ont cessé d’être pris en charge, sachant qu’ils ont besoin de notre attention et de nos soins particuliers et qu’ils les méritent.
Lorsque les jeunes qui ont été pris en charge par le système de protection de l’enfance quittent le système, dès l’âge de 18 ans, ils perdent l’accès aux aides qu’ils ont reçues pendant leur prise en charge. Cette population de jeunes est déjà plus exposée que ses pairs au risque de se retrouver sans abri, à la pauvreté et à des problèmes de santé mentale et physique dus à des traumatismes subis pendant l’enfance. Aujourd’hui, en période de crise, il est encore plus urgent de s’attaquer aux défis et aux obstacles auxquels ces jeunes sont confrontés.
Pour vous donner une idée de l’importance de cette question, voici quelques exemples de ce que nous entendons directement de la part des jeunes que nous desservons et qui ont cessé d’être pris en charge :
« Il y a tellement d’informations qui circulent. Je ne sais pas si je suis simplement malade ou si j’ai la COVID-19. J’aimerais avoir un vrai adulte dans ma vie que je pourrais appeler quand je suis inquiet. » – ISAAC*, ancien jeune pris en charge
« Je ne peux pas trouver d’emploi parce que tout est fermé, mon dernier emploi était un salaire en espèces, donc je ne peux pas demander l’assurance-emploi. De plus, je suis aux études et j’ai reçu le RAFEO au début de l’année, donc je ne suis pas admissible au programme Ontario au travail. Je n’ai aucun moyen de payer mon loyer. J’espère seulement qu’il sera exempté pour le mois d’avril. Tout soutien financier possible serait grandement apprécié. » – AMBER*, ancienne jeune placée
*Les noms ont été changés pour protéger leur identité.
C’est pour les jeunes comme ISAAC et AMBER, et les milliers d’autres comme eux à travers le Canada, que nous avons lancé notre Fonds de soutien en cas de crise COVID-19. Le Fonds offre aux jeunes qui ont quitté le système de protection de l’enfance des subventions allant jusqu’à 1 000 $ pour couvrir les besoins à court terme pendant qu’ils explorent les possibilités de soutien du gouvernement et d’autres sources. À ce jour, nous avons reçu plus de 2 100 demandes. Cette incroyable réponse rapide est supérieure à celle que nous recevons habituellement pour tous nos programmes combinés en une année entière, ce qui témoigne de l’urgence du besoin. Les fonds peuvent être utilisés pour couvrir des dépenses telles que le loyer, la nourriture, les fournitures ménagères, les conseils en santé mentale, le soutien technologique et d’autres besoins urgents.
L’équipe de la Fondation est en communication régulière avec nos agences partenaires à travers le pays pour se tenir au courant de ce qu’elles entendent sur les complexités auxquelles les jeunes pris en charge sont confrontés et des décisions qu’elles prennent en temps réel sur la meilleure façon de les desservir pendant cette période difficile. Je continue à être inspirée par leur innovation et par la façon dont ces agences et nos autres partenaires collaborent dans le secteur, y compris la formation de coalitions alignées sur des objectifs communs, comme le plaidoyer et la philanthropie. Nous nous adressons également aux gouvernements à tous les niveaux pour les tenir informés des risques uniques auxquels cette population est confrontée malgré les avantages financiers et les plans de secours annoncés.
Une chose qui m’a réconfortée pendant cette période difficile, c’est la façon dont les Canadiens s’unissent dans diverses manifestations de gratitude, mais aussi de compassion et d’empathie. Cela me donne l’espoir qu’en tant que pays, nous montrons à quel point nous sommes grands en faisant preuve de compassion, d’empathie et même de fonds pour ceux qui sont les plus à risque dans nos communautés locales : les jeunes qui ont quitté le système de protection de l’enfance de notre pays. Si vous avez la capacité de soutenir les jeunes les plus vulnérables de notre pays, veuillez envisager de faire un don ou de collecter des dons pour ce Fonds.
En savoir plus (seulement en anglais)
Valerie McMurtry, CFRE
Présidente et directrice générale