Rencontre avec Irwin Elman, lauréat 2019 du prix national « Lynn Factor Stand Up for Kids »

Irwin Elman, lauréat 2019 du prix national « Lynn Factor Stand Up for Kids ».

Les nominations sont maintenant ouvertes pour le prix national 2022 Lynn Factor Stand Up for Kids !

Créé par la Fondation pour l’aide à l’enfance du Canada en 2018, le prix national Lynn Factor Stand Up for Kids célèbre et reconnaît les Canadiens qui font une différence positive dans la vie des enfants et des jeunes impliqués dans le système de protection de l’enfance.

Nous nous sommes entretenus avec les anciens lauréats pour savoir ce qu’ils font maintenant – et comment le prix a fait une différence dans le travail des organisations qu’ils ont choisi de soutenir.

Irwin Elman, lauréat 2019

Irwin Elman, ancien défenseur provincial des enfants et des jeunes de l’Ontario, a remporté le prix national 2019 Lynn Factor Stand Up for Kids en reconnaissance de son dévouement de toute une vie à faire entendre la voix des jeunes et à plaider pour des changements dans les politiques et les pratiques.

Au cours de sa carrière de près de 40 ans, il a influencé des changements fondamentaux dans le système de protection de l’enfance, notamment en plaidant avec succès en faveur d’un soutien éducatif accru pour les jeunes pris en charge par le gouvernement et de davantage de ressources pour les jeunes en cours de transition hors du système.

Nous avons parlé avec Irwin pour savoir ce que le fait de recevoir le prix national Lynn Factor Stand Up for Kids signifiait pour lui et comment il continue à faire une différence aujourd’hui.

Qu’est-ce que cela a signifié pour vous de recevoir le prix national Lynn Factor Stand Up for Kids ?

Les gens disent toujours qu’ils sont honorés d’être reconnus, mais l’expérience de recevoir ce prix était une véritable leçon d’humilité. Lorsque vos pairs vous mettent en nomination pour un tel prix, c’est très émouvant.

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai parfois un peu le syndrome de l’imposteur. Ce prix m’a fait réfléchir sur moi-même et sur ce que j’ai accompli, et il m’a donné un sentiment d’honneur – je suis honoré que mes pairs du secteur aient estimé que mon travail était important.

Cela m’a également inspiré à continuer. Lorsque j’ai reçu le prix national Lynn Factor Stand Up for Kids, je venais de prendre ma retraite de mon poste de défenseur provincial. Mais je savais que je ne voulais pas cesser de contribuer au monde, et le prix m’a donné la confiance et le respect de moi-même dont j’avais besoin pour sentir que j’ai vraiment une place dans ce monde – une place où je peux continuer à être utile et à faire une différence.

Vous avez choisi Les plumes de l’espoir, Hairstory et la Coalition ontarienne pour la défense des enfants pour partager les 50 000 $ que vous avez reçus dans le cadre du prix. Pourquoi avez-vous choisi ces organisations ?

Ces trois organisations sont issues du travail du bureau du défenseur provincial des enfants et des jeunes de l’Ontario. Il s’agit d’organisations dirigées par des jeunes qui défendent les intérêts des jeunes pris en charge, et plus particulièrement ceux des jeunes noirs et autochtones, qui sont largement surreprésentés dans le système de protection de l’enfance.

Lorsque le Bureau a fermé, ils ont été stupéfaits. Ils avaient de grands projets pour faire avancer leurs agendas, avec pour objectif de devenir des organisations indépendantes à but non lucratif. Alors que le Bureau fermait ses portes, nous avons décidé de les aider à trouver le moyen d’y parvenir – comment devenir des organisations indépendantes et obtenir le statut d’organisme à but non lucratif.

La Fondation pour l’aide à l’enfance du Canada nous a mis en contact avec un excellent avocat spécialisé dans les organismes de bienfaisance, qui les a guidés dans le processus de constitution en société à but non lucratif. Ensuite, le financement que j’ai pu fournir grâce au prix Lynn Factor Stand Up for Kids les a aidés à s’établir.

Ils continuent tous à effectuer un travail important aujourd’hui pour améliorer la vie des enfants et des jeunes impliqués dans le système de protection de l’enfance. Ce fut un honneur de pouvoir les soutenir de cette manière.

Lorsque vous réfléchissez à vos 40 ans de carrière, quels sont les moments dont vous êtes le plus fier ?

Lorsque j’ai commencé dans ce secteur il y a 40 ans, je sortais tout juste de l’école normale avec un diplôme de conseiller et je ne connaissais pas grand-chose aux enfants placés. Mais j’ai obtenu un emploi pour mettre sur pied le Pape Adolescent Resource Centre (PARC), qui est aujourd’hui une ressource importante pour les jeunes de Toronto qui se préparent à quitter les services publics et à passer à l’âge adulte.

Lorsque nous avons créé le PARC dans les années 1980, il n’existait aucun soutien pour aider les jeunes à obtenir leur diplôme d’études secondaires et à poursuivre des études postsecondaires. Nous ne pouvions pas trouver un seul jeune pris en charge par le gouvernement qui avait fréquenté l’université.

Mais nous avons créé cet espace, et nous avons cru en eux. Comme me l’a dit un jeune, PARC a permis à des jeunes pris en charge de « cheminer dans la lumière vive de leur plein potentiel ».

Il existe maintenant toutes sortes de soutiens pour aider les jeunes à obtenir leur diplôme d’études secondaires et à avancer dans la vie, y compris de nombreuses ressources par l’intermédiaire de la Fondation pour l’aide à l’enfance du Canada, qui est un partenaire majeur du PARC. Il y a le programme de bourses d’études, il y a des travailleurs pour les jeunes en transition dans toute la province. Ce sont tous des héritages de notre travail avec le PARC et le Bureau du défenseur provincial des enfants et des jeunes de l’Ontario.

En ce qui concerne le Bureau lui-même, nous avons pu influencer un certain nombre de changements fondamentaux dans le système – l’un des plus importants étant que les changements de politique concernant les enfants et les jeunes pris en charge ne sont plus effectués sans que les jeunes soient consultés d’une manière ou d’une autre. C’est énorme : comme ça aurait toujours dû l’être, les jeunes ayant une expérience vécue ont désormais un droit de regard direct sur les décisions prises concernant leur vie et leur avenir.

Ce sont là quelques-uns des héritages dont je suis le plus fier, mais je n’oublie jamais que j’ai toujours marché aux côtés de certaines des personnes les plus fortes et les plus déterminées que j’aie jamais rencontrées – jeunes ou moins jeunes. Ces enfants et ces jeunes marginalisés de leurs droits qui ont fait tout le travail dans leur vie et dans toute la province et, j’ose le dire, dans le monde entier.

Quel est, selon vous, le plus grand défi auquel est confronté le secteur de la protection de l’enfance aujourd’hui ?

Les jeunes disent souvent qu’ils sont exclus de leur propre vie. Je me souviens avoir entendu l’analogie suivante : c’est comme conduire une voiture : ils sont sur le siège passager d’une voiture, qui est leur vie. Quelqu’un d’autre la conduit. Et à un moment donné – lorsqu’ils atteignent 18 ans et ne sont plus éligibles pour rester sous la tutelle du gouvernement – le conducteur sort tout simplement de la voiture. Mais personne ne leur a jamais appris à conduire la voiture, à conduire leur propre vie. Ils le disent constamment.

Il est certain que fournir davantage de soutien aux jeunes en phase de transition hors des soins gouvernementaux doit rester une priorité cruciale. Nous devons leur apprendre à conduire avant de sortir de la voiture. Pourtant, nous devrions commencer le processus de « leçons de conduite » au moment où nous entrons en contact avec eux en entrant dans nos systèmes de soins. Cela nécessitera un énorme et difficile changement de culture et de systèmes.

Et l’autre défi est de s’assurer que les jeunes pris en charge sentent que quelqu’un est là pour eux. Ils le disent tout le temps, de différentes manières : « Nous avons juste besoin de quelqu’un qui nous comprenne, qui croit en nous, qui nous respecte. » La mise en place de programmes tels que « À grands pas vers le succès » et la création d’une culture au sein du système de protection de l’enfance qui favorise l’établissement de relations plus solides entre les jeunes et les travailleurs sociaux sont donc deux étapes essentielles pour y parvenir.

Nous ne pouvons pas légiférer l’amour, mais nous devons trouver des moyens de créer des lois, des politiques et des programmes qui légifèrent les conditions dans lesquelles l’amour peut s’épanouir.

Vous vous êtes retiré du rôle de défenseur provincial en 2019, en même temps que le Bureau a fermé. Que faites-vous ces jours-ci ?

Ma mère m’a appris qu’il ne m’appartient pas de sauver le monde, mais je ne suis pas dispensé d’essayer. Je continue donc à m’efforcer de faire la différence partout où je peux.

Je travaille avec des personnes au niveau individuel qui ont besoin d’aide pour naviguer dans le système de protection de l’enfance. Je suis aussi actuellement boursier de la Fondation Laidlaw, qui s’efforce d’éliminer les obstacles au bien-être des jeunes à risque. Je suis conseiller stratégique mondiale chez Until the Last Child, qui travaille avec les agences de protection de l’enfance du Canada pour aider les enfants pris en charge par le gouvernement à trouver un foyer permanent et stable. Et je travaille avec une grande variété de groupes et d’organisations dirigés par des jeunes.

Je continue également à être en contact régulier avec les représentants du gouvernement et à plaider pour des changements dans le système. Plus récemment, j’ai annoncé que je me présenterai comme candidat du NPD dans la circonscription de Don Valley West aux prochaines élections provinciales, afin d’essayer d’apporter des changements au sein du système politique.

Je fais donc beaucoup de choses pour essayer de continuer à faire une différence dans le monde.

Apprenez-en davantage sur le Prix national Lynn Factor Stand Up for Kids 2022 et surveillez l’annonce du lauréat de cette année !